La cryptographie quantique

QDL Quantum Data Locking ou la libération de la donnée grâce au quantique.

En voilà une proposition suspecte, non ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Je vais vous décrire ici un truc de spécialistes qui se la jouent, et d'un intérêt très secondaire, malgré ce titre rutilant.

La quantité d'information mutuelle que partage Alice et Bob est une mesure de leur corrélation.

Par exemple, Alice envoie à Bob un message de n bits, chiffré avec une clé de longueur k (sans envoyer la clé) : ils partagent alors n bits d'information mutuelle. Ensuite elle envoie la clé à Bob : leur quantité d'information mutuelle est accrue de k bits.

On a découvert que si on utilise des moyens quantiques, on pouvait faire nettement mieux.

  • Alice encode un message de n bits avec un jeu de bases orthonormées (comme d'habitude, 1 bit dans chaque qubit)
  • Alice chiffre le message encodé en appliquant une transformation unitaire : l'identité si la clé est un bit 0, ou Hadamard si c'est un bit 1, sur chacun des qubits. La clé a pour longueur 1 bit, c'est la même pour tous les bits (k=1)

Sans la clé, le maximum de données mutuelles est alors au maximum n/2 pour le cas quantique, ça se démontre (c'était n dans le classique)

Avec la clé de 1 bit en plus, alors on a accès à tous les bits du message: on double la quantité d'information mutuelle avec un seul bit en plus !

Comme c'est carrément imbitable ou alors vous êtes déjà spécialiste du sujet voici une manière plus simple de voir les choses :

  • Dans le cas classique, pour avoir une sécurité parfaite, il faut avoir autant de bit de chiffrement que de bit à chiffrer. C'est le coup du XOR (one-time pad encryption): prenez une suite aléatoire de n bit (la clé symétrique à usage unique) et faite un XOR avec les n bits du message à chiffrer. La sécurité est alors "absolue".
1 bit de clé pour 1 bit de message
  • Dans le cas quantique, on peut (potentiellement) encoder plusieurs bits (par exemple 6 bits) dans un seul photon, grâce à la longueur d'onde, amplitude, polarisation, etc. Les informations encodées ne sont pas forcément accessibles simultanément grâce au à cause du principe d'incertitude. Par contre, on peut garder le même niveau de sécurité que le cas classique avec moins de 6 bits de clé de chiffrement (voire un seul ?). D'où un gain en termes de longueur de clé.

Jusqu'où le gain ? C'est de la recherche active. Et la lecture des articles sur le sujet est carrément horrible.

Il ressort généralement des hypothèses du genre : Eve possède au mieux une mémoire quantique à durée limitée (notez que cela n'implique pas que Bob doit en avoir une meilleure).

Pour illustrer, la quantum enigma :

quantum enigma

Le truc nouveau là-dedans est l'utilisation d'un modulateur spatial de lumière (SLM), qui permet de coder plus d'info dans la lumière.

Beaucoup de cinéma pour pas grand-chose de vraiment utile ? Pas besoin de ça pour coder plus d'info dans la lumière, ça me parait un poil évident que dans une image composée de plusieurs photons (forcément), il y a plus d'info...

Et là, on va me dire que je n'ai rien compris. C'est certainement le cas.